Une situation, une émotion, une pensée ont-elles une cause ?
Et ce que j’appelle « un effet » peut-il être attribué à quelque chose de précis qui l’a rendu possible ?
Pour qu’il y ait une cause à un effet, il faut délimiter un début et une fin.
Or où (et quand) situer la cause, où (et quand) situer l’effet d’une situation, d’une émotion, d’une pensée ?
Pour qu’il y ait une cause et un effet, il faut également qu’il y ait une relation entre ces deux choses.
Cette relation existe t-elle vraiment ou n’est-elle qu’une histoire ?
D’où a t-elle été décidée ?
Et n’y a-t-il pas une infinité de versions possibles ?
Ne suis- « je » pas forcément dans l’interprétation lorsque « je » décide d’un début, d’une fin, d’une cause et d’un effet ?
Et ma version ne change-t-elle pas suivant que « je » me raconte l’histoire ou suivant que « je » la raconte à un « autre » ? Mais aussi suivant les circonstances, suivant l’humeur du jour ?
Et finalement, n’est-elle pas toujours différente ?
Donc que reste t-il d’objectif, de vrai, de stable, de définitif ?
Pour autant, dans le quotidien, « je » peux continuer à faire (et ai-je le choix?) comme s’il y avait des causes et des effets et des relations de cause à effet. La différence, c’est qu’il est vu que ce ne sont que des histoires. Et donc l’attachement à leur véracité se dissout, les histoires perdent de leur importance.
Il est reconnu que « je » ne peux pas savoir ce qui se passe.
Et c’est ici que le mystère, le merveilleux, l’incroyable peuvent se révéler. Remplacer le stress et l’anxiété qui apparaissent lorsque « je » pense devoir savoir et pouvoir comprendre, prédire, anticiper, donner du sens.
Plus profondément, il peut être reconnu que la vie s’écoule comme s’écoule une rivière dont les gouttes d’eau n’ont pas de vie autonome.
La Vie forme un tout sans séparation, sans division.
Et de même que la rivière sait couler, la Vie sait se dérouler.
Elle n’a pas besoin d’être maîtrisée.
Et à bien y regarder, ce « je » qui voudrait être au contrôle n’a pas non plus de délimitation. Celui qui pense diriger le navire est introuvable.
Tout arrive de soi-même et ensemble.
Tout à la fois libre et sauvage, naturellement.